Mazamet, La Barouge, golf « pure laine » d’après Christope Ochnicki, d’Intelligence Media

Le Golf de Mazamet a un demi-siècle. Crée en 1956, il est à l’ancienneté le troisième site golfique midi-pyrénéen et sa création est étroitement, voire directement, liée à la principale activité économique de la cité tarnaise : le délainage.

Ville de textile depuis le XVIème siècle, Mazamet, connut au milieu du XIXème siècle un souci d’approvisionnement en peaux pouvant porter un sérieux préjudice à l’activité qui faisait sa renommée.  C’est alors qu’en 1851, Pierre-Elie Houlès, grande figure industrielle locale, eut l’idée audacieuse pour l’époque d’importer des peaux de moutons d’Argentine, là où l’on était sûr d’en trouver en nombre important en évitant d’être exposé à toute pénurie d’approvisionnement.
Cette idée fera son chemin et le résultat sera inespéré pour Mazamet qui partira acheter finalement des peaux dans tous les pays de l’hémisphère sud. Le premier mazamétain à se rendre sur place négocier directement des peaux à l’autre bout du monde, en l’occurrence en Argentine aussi, sera Hippolyte Mas, en 1856 exactement, pour le compte de Augustin Perié, une autre figure marquante de cette nouvelle conquête.
A la fin du XIXème siècle, la citée tarnaise s’installera au premier rang mondial dans le commerce des peaux de moutons et dans l’activité en plein « boom » du délainage.
C’est à cette époque que Mazamet a tissé des liens étroits avec l’Argentine mais aussi avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore l’Afrique du Sud pour ce qui est du négoce des peaux lainées et avec la Grande Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis auxquels les industriels mazamétains vendaient la laine issue du délainage.
Ces liens commerciaux ayant atteint une telle mesure, il n’y eut rien d’étonnant de voir venir s’installer à Mazamet des représentants de ces différents pays. Et c’est là où la jonction avec le golf s’opère !
Comment ? Vous pouvez le deviner… C’est une belle histoire.

Robin Busvine entre en scène

En 1937, un certain Robin Busvine, sujet de sa majesté George VI et gérant d’une usine de délainage, épouse une demoiselle du pays, Anne-Marie Sarrat, établissant en conséquence définitivement ses quartiers à Mazamet. Comme bon nombre de britanniques, le golf coule dans ses veines. Pour palier l’absence du moindre parcours dans les proches environs de Mazamet, notre homme prend alors la décision de créer dans sa propriété du « Bungalow », avec l’aide d’un cercle d’amis industriels de la ville, un pitch and putt – dont on ne sait plus préciser aujourd’hui s’il fût de 9 ou de 5 ou 6 trous -. Michel Florin (golfeur de très haut niveau venu de Bordeaux et qui mettra au golf un certain Bertrand Arquier) et son épouse Shirley demeurent la mémoire de l’histoire du golf de Mazamet. Ils étaient de cette première aventure et ils se rappellent que ce parcours « maison » était entretenu par des… moutons ! Et l’on sait à quel point les ovins peuvent être efficaces dans cette fonction…

La propriété de La Barouge

La passion faisant son œuvre, le petit groupe réuni autour de Robin Busvine et composé entre autres de Michel et de Shirley Florin, de Robert Florin (le frère de Michel), de Hubert Cormouls (à la tête d’une usine de délainage), de Xavier Lasbordes (dirigeant d’une manufacture de tissage), de Guy de Rouville (industriel dans le textile) et de Francis Stanton se décide, quelque années plus tard, à créer cette fois un vrai parcours. Véritable opportunité, la propriété de la Barouge, une ancienne ferme sur un terrain sablonneux de 35 ha, excellemment drainé, est acquise à M. De Raspide. Dans le même temps, la SCI « Centre Sportif et Touristique de la Montagne Noire » voit le jour. Le projet est lancé et les premiers travaux sont engagés en 1955 sur les plans de l’architecte écossais Mackenzie Ross et sous le contrôle du greenkeeper du golf de Vichy (créé en 1908) Antonin Bardet, qui deviendra professeur de golf à Mazamet pendant de nombreuses années.
Le 3 juin 1956, le parcours de 9 trous du Golf-Club de Mazamet-La Barouge est inauguré.
S’installe alors, pour 25 ans, le temps du jeu entre amis, des triangulaires acharnées avec Pau et Bordeaux, et des interclubs prestigieux avec Nimes, Angoulême, Hossegor, Cognac et le golf espagnol très mondain de Llavaneras au nord de Barcelone. Le golf de Mazamet vit alors ces moments en cercle fermé. C’est un golf privé, très privé…

L’extension à 18 trous

A partir de 1981, deux événements vont faire évoluer le golf de, et à Mazamet : l’amorce de la percée du golf en France et l’arrivée de José Maria Roca, un pro dynamique venu du golf de Pals (Espagne). On envisage alors d’agrandir le parcours à 18 trous. Le montage est complexe. Une deuxième SCI avec de nouveaux membres est créée et se porte acquéreur du terrain de M. Taussac attenant au parcours existant. Elle fait procéder aux travaux d’un 9 trous dessiné par l’architecte écossais Hawtree, successeur du précédent. Des travaux qui prendront fin en le 1er juin 1987. A cette date, les deux SCI s’engagent dans une fusion-absorption donnant officiellement naissance au 18 trous du Golf-Club de Mazamet-La Barouge. D’une cinquantaine d’adhérents aux plus belles heures de sa première époque, le golf de Mazamet gagnera rapidement ensuite de nouveaux golfeurs au nombre de 350 environ aujourd’hui.
Sa réputation toujours excellente et son réseau de connaissances lui auront permis d’accueillir ces 20 dernières années d’autres compétitions amicales ou sportives de haute qualité.
En tous cas, l’histoire du golf de Mazamet est jalonnée de moments exceptionnels et la richesse du livre d’or du club en témoigne. En octobre 1972, Jean Marais y laissera un gentil petit mot accompagné d’un dessin à la Cocteau. Jean Garaialde, Roger Golias, François Saubabert et Raymond Telleria à l’occasion du mémorable Pro-Am du Printemps 1973 furent également les hôtes du golf qui eut l’honneur d’organiser aussi, à plusieurs reprises, la compétition d’un autre très grand champion français : Jean-Claude Killy.

Les présidents du golf de Mazamet – La Barouge depuis sa création

  • Hubert Cormouls
  • Xavier Lasbordes
  • Claude Simon
  • Max Lasbordes
  • Robert Florin
  • Jean Raynaud
  • Robert Florin
  • Jean Raynaud
  • Yop Van der Lur
  • André Guillemet
  • André Florin
  • Francis Stanton
  • Claude Alran
  • Denis Tessié
  • Michel Cros
  • Roland de Malherbe
  • Anne Biénes
  • Cédric Alran – Aujourd’hui